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Ce titre renvoie à un livre futur de Pierre Torreilles paru chez Gallimard en 1992 : Où se dressait le cyprès blanc. Un poète que les tenants de l'anti-lyrisme ne porteront pas aux nues, vous connaissez ma position sur le sujet (il n'y a pas un lyrisme, mais différentes formes de lyrisme, allant du "dépouillé" au "critique", avec tous les stades intermédiaires ; dans ce domaine en particulier, toute simplification entrave la compréhension plus qu'elle ne la libère. Pour reprendre l'expression de Michaux, cet "indéfiniment insaisissable" qui nous intéresse fait feu de tout bois, il est quête d'authenticité d'abord : à ce titre, il inclut bien plus qu'il exclut. ... Jean Orizet (in Les aventures du regard - Des poètes et le poésie, éd. Jean-Pierre Huguet, 1999) parle ainsi du poète et libraire qui nous a quittés en 2005, Pierre Torreilles, fondateur de la librairie Sauramps à Montpellier. : "A la vérité, Pierre Torreilles... est un distillateur de mots, un virtuose de la respiration et de la pause, un adorateur du verbe simple ou rare. Il y a du Valéry et du Mallarmé chez lui, mais un Valéry dont la forme serait totalement libre, ou un Mallarmé qui aurait subi l'éblouissement solaire et sensuel de la lumière grecque du Midi. Oui, la poésie de Torreilles est le chant d'un aède et d'un troubadour."
Qu'il ait fallu quelques jattes de sang pour qu'émergent devant Ulysse, les ombres, de leur parole,
que le sang jamais blessé dans le séjour encore vierge, confère un don- bientôt perdu - celui de dire ce que nul ne perçoit,
apparaît au miroir de cette attention où se prend le poète, attente de la terre, tension des jours d'été qui retiennent la pluie.
Cependant, pas même Cassandre ne put, dans le moment qu'elle prédit, celui qui précéda sa mort, découvrir sa propre parole.
Cette ouverture de la mort aurait-elle à jamais libéré l'âme bruissante de son sang ?
Erre, dans le langage ainsi, la parole invisible qui bientôt apparaît, telle une ombre.
La mémoire, exilée du monde qui l'oppresse, ouverte sur les morts, nous tient fermés sur les margelles du silence.
La voix s'avance alors dans la crainte de l'aube et s'élève.
Je dis l'écho des pluies qui reviennent d'un long voyage,