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La crise du papier et de son approvisionnement

Les dessous de l'imprimerie en quelque sorte. Ce avec quoi se débat sans trop le dire (une fois n'est pas coutume) votre serviteur. Est-ce que l'on en parle suffisamment dans la presse justement ? Pas assez, à mon sens. Tout dernièrement encore, je constatais que tel éditeur en vue avait publié un auteur pas inconnu de Diérèse sur du papier "cigarette", faute de mieux, ce qui n'enlève rien à la qualité des poèmes imprimés, est-il besoin de le préciser ?

Au printemps 98, Pierre Perrin écrivait : "Le format, l'épaisseur du dos, le grain du papier, l'odeur de l'encre ou des années, le titre, le nom de l'auteur, la quatrième de couverture, le caractère, les premiers mots pris au hasard, l'effet qu'ils produisent ou non - est-ce qu'on va emporter cela chez soi comme un voleur et lire à en perdre la tête ? Un livre, c'est une promesse, une aventure, une passion, un jour peut-être le divorce, et puis l'oubli, l'abandon, les combles, le feu ou la poubelle. Car on lit comme l'oiseau fait son nid, pour se ménager un abri, pour se réchauffer, pour vivre un peu mieux dans le temps suspendu, comme si la pensée et les sensations d'un autre, à travers leurs saillies, pouvaient donner des prises pour ne pas chuter."

Oui : "une ouverture, une promesse, une passion"... à partager. Lire en ligne une revue, ou un livre sur une liseuse, un écran... c'est pour moi du moins, en perdre la substance, le toucher, le plaisir du toucher, la quête très sensuelle de la vibration sous-jacente de la voix de l'auteur arrachée à la chair de cette "mécanique" humaine qui pense, qui souffre, qui rêve et qui aime.

Voici ce que m'écrivait un imprimeur il y a peu :

 

 

"Le 17 Aout, nous avons tenu à communiquer avec vous face aux difficultés que nous rencontrions principalement compte tenu des hausses et de la difficulté à se procurer du papier. Sachez que deux mois après la situation s'aggrave fortement.

L'augmentation drastique des prix des matières premières et notamment du papier s'amplifie.
Nous avons subi 5 hausses de prix depuis mars 2021 qui représentent plus de 25% d’augmentation sur certaines sortes. Le prix de la pâte à papier tend à se stabiliser mais les papetiers subissent maintenant des surcharges énergétiques très importantes, hausse des prix de 300% depuis quelques semaines.

Les pénuries de papier perdurent elles aussi, toutes les familles de papier sont aujourd’hui touchées. Il est maintenant courant que sur des fabrications nous soyons à plus de 10 semaines de délai de livraison.

Ne soyez pas étonnés que votre chargé(e) de compte vous soumette des propositions de modification de papier, de délai par rapport à votre demande initiale, ces propositions seront toujours dans le but de satisfaire vos attentes. Nous avons constitué des stocks dans les formats et grammages les plus courants afin de pouvoir, la plupart du temps, vous proposer une solution."

Une autre pénurie sévit : celle des recrutements pour les entrepôts. Emplois mal payés, éprouvants… les candidats ne se bousculent pas au portillon. Et depuis des semaines, les transporteurs ne suivent plus : une carence de chauffeurs routiers est partout observée. (magazine Actualités, 25/11/2021).

Mais ne vous affolez pas pour autant, tout ira pour le mieux et selon les moyens du bord pour la sortie du prochain Diérèse, sa quatre-vingt-troisième livraison, avec deux noms de poètes choisis pour orner la première de couverture, déjà peinte par Pacôme Yerma - noms que vous découvrirez aux premiers jours de février 2022. Je "mouline" (comme l'on dit en cyclisme) ces temps-ci avec l'envoi des épreuves (par mail ou courrier) aux auteurs participants. Une pensée pour Mathias Lair qui vient de subir une lourde opération ; une autre, toute particulière, pour la poète, critique et l'éditrice Jeanine Baude, qui livre ces jours-ci ce qui pourrait bien être son dernier combat.
Amitiés partagées, Daniel Martinez

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peinture sur vélin d'Arches de Daniel Abel

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