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Le Petit Musée du bizarre, chez Candide, à Lavilledieu (Ardèche), place de Bayssac

L'histoire locale fait mention de Bayssac : lieu d'implantation d'une villa gallo-romaine, puis au VIe siècle d'une église dédiée à saint Martin. Au XVIIe siècle des religieuses occupèrent le site, puis ensuite et jusqu'en 1930, il demeura une grande ferme.
En mai 1968, la grande maison silencieuse fut acquise par Serge Tekielski dit Candide et son épouse.
L'Ardèche s'éveillait alors à des arrivants venant de toutes parts en quête de renouveau. L'idée vint alors à Candide d'aménager ce lieu afin de faire partager sa passion pour des objets affectueusement collectionnés. Dans les caves labyrinthiques...

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... s'assemblèrent des créations artistiques d'autodidactes ruraux, anciennes, et d'autres plus récentes, le plus souvent de bois ou de pierres aux formes originelles déjà évocatrices, reprises et accentuées par l'homme. Œuvres singulières d'un art immuable. Parallèlement, depuis 1969 une salle est ouverte aux artistes contemporains et c'est une cinquantaine d'expositions qui y furent présentées. Gérard Lattier, l'intarissable, y fut l'un des premiers pour y demeurer de longue date.
Utopie vivante et quotidienne, le Petit Musée du Bizarre s'est taillé une place loin de l'art conceptuel ou d'autres émanations de l'ingénierie culturelle. On parle d'Art singulier à propos des objets exposés là, ou bien d'Art populaire. Serge T. précise : " Je ne me revendique pas de l’Art brut, mais de l’Art populaire. Je ne veux pas refaire l’histoire de l’Art brut créé par Dubuffet sur ses critères personnels, alors que l’Art populaire a toujours existé. De tous temps et en tous pays." On imagine aisément les petits conflits d'intérêt avec les tenants de l'Art brut...
Un musée donc, "antérieur à tous les autres" dans son genre, musée auquel son épouse, après le décès de Candide, continue d'ouvrir les portes. Un lieu libre de tous préjugés purement esthétiques, où bien des œuvres demeurent anonymes.

Jeanine Rivais, critique d'art, a interviewé de son vivant Candide, voici un extrait de cet entretien : 

 

 

 

 

 

J. R. : Comment vous est venu le goût pour les vieux objets ? 
   S. T. : Ma mère était une petite antiquaire de quartier, le quartier bourgeois lyonnais, au sud de la place Belcourt. Moi, de temps en temps, j’étais disponible, je cherchais pour elle des tables Louis XV, de l’argenterie… ce qu’on trouve d’habitude dans les magasins comme le sien. Et quand je trouvais de l’Art populaire, je l’achetais pour moi. Un jour, un bourgeois du voisinage m’a demandé d’où provenaient "ces cochonneries", affirmant que le quartier "valait mieux que cela" !
Le résultat a été que mon épouse et moi, avons décidé de quitter Lyon ! Nous avons donc prospecté dans la région. Lorsque nous avons vu que cette maison était à vendre, nous avons vendu tout ce que nous possédions, en particulier notre appartement lyonnais, pour l’acheter : c’était en mai 68.
J. R. : J’avais cru, en effet, comprendre que vous étiez un soixante-huitard du retour à la terre
   S. T. : Retour à la terre, bien sûr ! Mais utopique ! Et surtout parce que, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, j’avais derrière moi une petite carrière de militaire : j’étais sous-officier ! Il me serait difficile de le cacher, parce qu’un Guide de l’Ardèche vient de paraître qui dit : "Cet ancien sous-officier…" Mais au bout de douze ans, j’ai profité d’un putsch pour résilier un contrat qui était de vingt ans ! Imaginez-moi en vieux capitaine, gagnant chaque mois une vraie fortune ! Cette maison est très ancienne. Elle a en haut, une très belle porte Louis XIII. Alors, moi, avec mes relents d’antiquaire, elle m’a tout de suite séduit !
J. R. : Et, bien sûr, il fallait la remplir ?
   S. T. : Il s’est trouvé que, "pour faire bouillir la marmite", mon épouse qui était infirmière libérale, s’est mise à exercer dans le pays qui n’avait jamais auparavant eu d’infirmière ! Ayant devant nous un apport à peu près régulier, j’ai vendu – très bon marché , de beaux objets que je tenais de ma mère. Et j’ai commencé ce petit musée dont j’avais très envie !...

 Ci-dessous une sculpture en cep de vigne, haute de 46,5 cm, anonyme

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