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  • "La langue des chemins", un poème de Daniel Martinez

    Au ponton d'une rime
    sur la table de verre tu écoutes
    bruire la solitude des jours
    mes mains en toi renouvelées
    abordent la langue des chemins 
    et le mufle luisant des roches
    touchent aux confins
    les plus reculés de la conscience
    peignent l'imaginaire
    de cet absolu

    Ce sont là-devant
    offertes     en attente
    peintures d'Italie claires
    une troublante dérive vers
    ces toiles de Nicolas de Staël
    peintes lors de son voyage en Sicile
    toute chronologie leur est inutile
    ce qu'elles donnent creuse la durée
    au gré de l'histoire
    d'une œuvre à l'autre reproduisent
    le même immobile
    frémissement


    Frère poète qui répondait
    au nom de Paul Engelibert
    tu t'es pareillement défenestré 
    un jour de décembre
    et le bleu se fit bas
    sur l'huile du soir naissant
    l'horlogerie des particules
    avait trouvé sa proie
    en un monde qui fait sien
    l'extrême que l'on ne peut élider


    Daniel Martinez
    27/10/24

  • "C'est la vie", de Gil Jouanard, éditions Verdier, janvier 1997, 112 pages, 80 F

    Un livre qui m'a accompagné dans nombre de voyages, comme il en a été du Migrateur de Henri Thomas. C'est dire qu'il m'ont (autrefois) escorté dans mes périples à l'étranger, de plus en plus rares ces temps-ci. Ainsi va.
    Dans C'est la vie, Gil Jouanard tient le journal des ses périples par train, avion, de Bruxelles à Cracovie, de Mělník à Dublin, d'une grande ville du Sud américain à Helsinki, sans compter ses nombreux voyages aux quatre coins de l'Hexagone. Le lecteur a quelquefois l'impression d'être dans la salle de transit d'un aéroport et on admire l'auteur de pouvoir/savoir figer sur le papier ses impressions du moment, qui sans cela se seraient perdues dans le labyrinthe de la mémoire, pour capricieuse qu'elle se montre quelquefois, ou plutôt souvent, dès que le temps a passé.
    Depuis Montpellier, Gil Jouanard écrit, en ce 13 juillet 1994 : "C'est cela la vie : apprendre le monde jusqu'à l'être devenu, avant de se restituer au vide sans marge, bien en deçà et au-delà du réel." Ce voyage dans des espaces si divers débute en 1978 et prend fin le 15 février 1995. Le livre quant à lui sera édité deux ans plus tard, par un authentique éditeur, aux livres à la couverture d'un jaune solaire !, qui ma foi incitent à la lecture.

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