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  • "Rideau ouvert", un poème de Daniel Martinez

    L'astre a blêmit, clair de lune engourdi dans le blanc et noir des anciennes photographies. Un peu comme ces vœux en attente à remodeler à l'infini, traces de craie sur le tableau noir. Là, tu te revois, crédule à la façon de qui s'accrocherait aux branches basses de l'acacia à deux pas de la fenêtre restée ouverte. Faites vos jeux, rien ne va plus : les années belles, tu en agites seulement les effiloches, ainsi va.

    Voici, pour marquer la nouvelle année 20 et vingt additionné de cinq unités ce poème écrit sans façon, où le Temps serait l'enfant royal dont nous entretient Héraclite :


    à Jean-Yves Cadoret

    Densité du mouvement que percent
    les gouttes de pluie où la spirale
    du feu rouge descend dansante
    entre les chardons là décapités
    il flotte dans l'air une épaisse
    vapeur d'eau bientôt l'heure zéro
    qui marquera le passage à l'an neuf
    bientôt ce premier quart de siècle échu
    montrera quel fut son vrai visage
    au rythme des pas qui s'éloignent
    tu regardes les battants de fenêtres
    restées ouvertes malgré le froid


    Ici c'est la campagne les bouleaux
    de la forêt voisine comme taillés
    dans la pierre méditent à l'envi
    le Grand-Morin s'affaire reflété
    dans ton souffle fondant
    comme de la neige froide dans la bouche
    il était bien temps que le hasard
    trace son sillon pour signifier ce qui
    de guerre lasse nous sera rendu
    à la toute fin des temps

                                         1er janvier 25

                                                         Daniel Martinez